samedi 22 mars 2014

Son dernier coup d'archet

Nicolas Sarkozy est-il coupable des tricheries qui lui sont reprochées ? C’est à la justice, dans la mesure de son indépendance, d’en juger. Quoi qu’il en soit, sa tribune dans le Figaro de vendredi est un joli coup médiatique à la veille du premier tour de scrutin. Un message personnel aux Français, à résonance électorale, que les candidats UMP aux municipales ne manqueront pas de faire fructifier. Car, malgré les réactions unanimes d’une gauche ulcérée que la mémoire des événements a tendance à pondérer, elle conserve deux mérites : bousculer des vérités qui dérangent et remobiliser l’électorat de droite.

En accusant l’exécutif de jouer à la police politique, l’ex-chef de l’Etat surfe sur la vague de défiance d’une partie de l’opinion publique qui doute de la capacité du gouvernement à administrer le pays dans la transparence. Depuis l’affaire Cahuzac où le président "normal" a joué le déni, ne pas savoir est signe d’incompétence. Savoir et soutenir le contraire, c’est mentir. Une stratégie perdante, à double titre. Le coup des écoutes est du même ressort.

Quant au Ministre de l’Intérieur, sa politique de l’indignation et de la liberté d’opinion à géométrie variable, dont les arrestations arbitraires des anti-"mariage pour tous" en ont été une illustration parmi d’autres, a fortement entaché sa notoriété sur la route de Matignon. Prendre Nicolas Sarkozy comme la cible de tous les maux dont souffre notre démocratie a eu l’effet inverse. La manœuvre a réveillé le fauve politique qui a pris ses partisans, et même au-delà, à témoin.

Autre conséquence : la théâtralité du texte de l’ancien président n’est pas sans rappeler la faconde dont il a fait preuve le 6 mai 2012 à la Mutualité, la main sur le cœur, devant des militants en larmes, le jour de sa défaite. Ce discours de départ, le plus personnel de son mandat, a révélé la meilleure part de l’homme d’Etat, digne dans l’échec, vrai dans ses sentiments, droit dans ses convictions. Loin du "casse toi pauv’con" et du "avec Carla, c’est du sérieux". Une plume alerte qui ne manquera pas de configurer son retour en politique et d’éclairer le vote des indécis de droite, à l’écart de toute tentation frontiste ou abstentionniste.