Nicolas
Sarkozy est-il coupable des tricheries qui lui sont reprochées ? C’est à
la justice, dans la mesure de son indépendance, d’en juger. Quoi qu’il en soit,
sa tribune dans le Figaro de vendredi est un joli coup médiatique à la veille
du premier tour de scrutin. Un message personnel aux Français, à résonance électorale, que les candidats UMP
aux municipales ne manqueront pas de faire fructifier. Car, malgré les réactions unanimes d’une
gauche ulcérée que la mémoire des événements a tendance à pondérer, elle
conserve deux mérites : bousculer des vérités qui dérangent et remobiliser
l’électorat de droite.
En
accusant l’exécutif de jouer à la police politique, l’ex-chef de l’Etat surfe
sur la vague de défiance d’une partie de l’opinion publique qui doute de la
capacité du gouvernement à administrer le pays dans la transparence. Depuis
l’affaire Cahuzac où le président "normal" a joué le déni, ne pas
savoir est signe d’incompétence. Savoir et soutenir le contraire, c’est mentir. Une stratégie
perdante, à double titre. Le coup des écoutes est du même ressort.
Quant
au Ministre de l’Intérieur, sa politique de l’indignation et de la liberté
d’opinion à géométrie variable, dont les arrestations arbitraires des anti-"mariage pour tous" en ont été une illustration parmi d’autres, a fortement
entaché sa notoriété sur la route de Matignon. Prendre Nicolas Sarkozy comme la cible de tous les maux dont souffre notre démocratie a eu l’effet inverse. La manœuvre a réveillé le fauve politique qui a pris ses
partisans, et même au-delà, à témoin.
Autre
conséquence : la théâtralité du texte de l’ancien président n’est pas sans
rappeler la faconde dont il a fait preuve le 6 mai 2012 à la Mutualité, la main
sur le cœur, devant des militants en larmes, le jour de sa défaite. Ce discours
de départ, le plus personnel de son mandat, a révélé la meilleure part de
l’homme d’Etat, digne dans l’échec, vrai dans ses sentiments, droit dans ses
convictions. Loin du "casse toi pauv’con" et du "avec Carla,
c’est du sérieux". Une plume alerte qui ne manquera pas de configurer son retour en politique et d’éclairer le
vote des indécis de droite, à l’écart de toute tentation frontiste ou abstentionniste.