Où est donc caché le trésor de Rennes-le-Château ? C'est l'une des plus célèbres énigmes de la France mystérieuse que trois "écrivains chercheurs" auraient - presque ! - résolue s'ils ne s'étaient pas étripés par médias interposés. Se bataillant la paternité de la découverte, deux d'entre eux ont publié un livre sans le troisième qui, en représailles, a révélé le secret sur internet, repris dans la Dépêche du Midi. Depuis, la gendarmerie garde jalousement l'entrée d'une grotte pour dissuader les Indiana Jones en herbe. Mais à quoi bon tout ce "ramdam" ?
Petit village de l'Aude, perché au sommet d'un piton rocheux, Rennes-le-Château doit sa réputation à son abbé François Bérenger Saunière. Dès son arrivée en 1885, il entreprend de rénover l'église avec l'argent prêté par la mairie. Lors des travaux, les ouvriers tombent sur des parchemins dissimulés dans un pilier du maître-autel. A Paris, il s'entretient avec l'abbé Vieil, directeur de Saint-Sulpice, afin d'authentifier les documents. Aussitôt rentré, Saunière fait une nouvelle découverte : une dalle dite "du Chevalier", en face du maître-autel, à l'emplacement de laquelle il ordonne de creuser une fosse. La suite demeure un mystère. Il a congédié ses ouvriers pour explorer lui-même le lieu. Qu'a-t-il découvert ? Nul ne le sait. Mais, aux yeux des villageois, son comportement devient de plus en plus étrange : il efface des inscriptions sur une vieille pierre tombale et s'absente régulièrement, pour plusieurs jours, chargé d'une valise à dos d'âne. Depuis ce jour, le train de vie du curé n'a plus jamais été le même. Il engage des dépenses colossales dans la réfection de l'église jusqu'à ériger une tour, la tour Magdala, où il reçoit de mystérieux visiteurs. A la mort de l'abbé Saunière, le 22 janvier 1917, sa servante hérite de sa fortune. Recluse, elle décède, plus de 30 ans après, des suites d'une attaque cérébrale, emportant le secret de l'abbé dans la tombe.
Depuis, les rumeurs les plus folles circulent sur l'origine de la fortune du curé de Rennes-le-Château. Aurait-il découvert le trésor des Wisigoths, un butin d'or et d'argent - dont le chandelier sacré des juifs et la mythique Arche d'Alliance -, volé cent ans plus tôt par les Romains dans le temple de Jérusalem ? Celui des Templiers, caché dans leur commanderie du XIIe siècle et qu'un berger, selon une légende locale, aurait découvert au XVIIe siècle ? Ou bien celui des Cathares, incluant le Graal, dissimulé par quatre hérétiques en fuite ? Ou encore les 50 000 pièces d'or de la reine Blanche de Castille ? En outre, si l'abbé Saunière n'a pas trouvé de magot sonnant et trébuchant, serait-il tombé sur les parchemins de Marie-Madeleine, attribuant une descendance au Christ, et pour lesquels il aurait monnayé son silence ?
A partir des années 1950, c'est le défilé de pelles et de pioches. Noël Corbu, nouveau propriétaire du domaine de l'abbé Saunière, ouvre un restaurant et, en bon publicitaire, attire les clients avec une histoire de trésor. Un prétexte commercial que des écrivains imaginatifs associeront à l'énigme de Marie-Madeleine et de la lignée de Jésus, sur fond de société secrète. C'est le substrat dans lequel est né le Da Vinci Code de Dan Brown !
Parmi les touristes de l'insolite, on compte même François Mitterrand qui a visité le site à l'occasion de la communion du fils d'un de ses amis, avant son élection de 1981. Son intérêt pour l'ésotérisme n'était un secret pour personne. De là à voir un lien de cause à effet, il n'y a qu'un pas...
Pendant que la rumeur suscite toutes les convoitises, un autre trésor peine à mobiliser l'opinion publique : les 12 millions de victimes de la sécheresse et de la famine, menacées de mort dans la corne de l'Afrique. Privés de pluie depuis 3 ans, la Somalie, l’Éthiopie, le Kenya, Djibouti et maintenant l'Ouganda souffrent de la désertification des terres et de la migration massive des populations vers des villes en manque de moyens et en proie à la violence. Sur place, une poignée d'organisations humanitaires s'efforcent de sensibiliser les pays occidentaux au don et à l'action, en cette période de vacances où le temps est plutôt à l'insouciance, voire à l'indifférence. Les vacanciers préfèrent se passionner pour une histoire de requin à Saint-Tropez que pour une crise alimentaire sans précédent.
Dans son édito du 25 juillet, Christophe Barbier de l'Express, rappelle que l'Occident est menacé de "somalisation". "La corne de l'Afrique, écrit-il, nous semble bien inoffensive, que l'on peut ignorer sans risquer quelque vengeance ni payer autre chose que le prix du remords. Mais elle pourrait bien n'être qu'une anticipation de notre avenir collectif. (...) Absence de tout gouvernement, diktat des marchés légaux et crapuleux, chaos militaire, désastre économique... Ce qui aujourd'hui nous laisse froid pourrait, demain, nous consumer." Il parait qu'une partie du budget mondial consacré à la défense pourrait éradiquer la faim dans le monde. Cela laisse songeur.
Où est mon trésor ? Les choix que nous prenons, dans l'emploi de notre temps, de nos énergies et de nos moyens, révèlent quel trésor nous cherchons : celui de la richesse et du plaisir égoïste, ou bien celui du cœur ? Aux requins de nous le dire.
>> Le site de l'UNICEF
>> Le site du Secours Catholique
Petit village de l'Aude, perché au sommet d'un piton rocheux, Rennes-le-Château doit sa réputation à son abbé François Bérenger Saunière. Dès son arrivée en 1885, il entreprend de rénover l'église avec l'argent prêté par la mairie. Lors des travaux, les ouvriers tombent sur des parchemins dissimulés dans un pilier du maître-autel. A Paris, il s'entretient avec l'abbé Vieil, directeur de Saint-Sulpice, afin d'authentifier les documents. Aussitôt rentré, Saunière fait une nouvelle découverte : une dalle dite "du Chevalier", en face du maître-autel, à l'emplacement de laquelle il ordonne de creuser une fosse. La suite demeure un mystère. Il a congédié ses ouvriers pour explorer lui-même le lieu. Qu'a-t-il découvert ? Nul ne le sait. Mais, aux yeux des villageois, son comportement devient de plus en plus étrange : il efface des inscriptions sur une vieille pierre tombale et s'absente régulièrement, pour plusieurs jours, chargé d'une valise à dos d'âne. Depuis ce jour, le train de vie du curé n'a plus jamais été le même. Il engage des dépenses colossales dans la réfection de l'église jusqu'à ériger une tour, la tour Magdala, où il reçoit de mystérieux visiteurs. A la mort de l'abbé Saunière, le 22 janvier 1917, sa servante hérite de sa fortune. Recluse, elle décède, plus de 30 ans après, des suites d'une attaque cérébrale, emportant le secret de l'abbé dans la tombe.
Depuis, les rumeurs les plus folles circulent sur l'origine de la fortune du curé de Rennes-le-Château. Aurait-il découvert le trésor des Wisigoths, un butin d'or et d'argent - dont le chandelier sacré des juifs et la mythique Arche d'Alliance -, volé cent ans plus tôt par les Romains dans le temple de Jérusalem ? Celui des Templiers, caché dans leur commanderie du XIIe siècle et qu'un berger, selon une légende locale, aurait découvert au XVIIe siècle ? Ou bien celui des Cathares, incluant le Graal, dissimulé par quatre hérétiques en fuite ? Ou encore les 50 000 pièces d'or de la reine Blanche de Castille ? En outre, si l'abbé Saunière n'a pas trouvé de magot sonnant et trébuchant, serait-il tombé sur les parchemins de Marie-Madeleine, attribuant une descendance au Christ, et pour lesquels il aurait monnayé son silence ?
A partir des années 1950, c'est le défilé de pelles et de pioches. Noël Corbu, nouveau propriétaire du domaine de l'abbé Saunière, ouvre un restaurant et, en bon publicitaire, attire les clients avec une histoire de trésor. Un prétexte commercial que des écrivains imaginatifs associeront à l'énigme de Marie-Madeleine et de la lignée de Jésus, sur fond de société secrète. C'est le substrat dans lequel est né le Da Vinci Code de Dan Brown !
Parmi les touristes de l'insolite, on compte même François Mitterrand qui a visité le site à l'occasion de la communion du fils d'un de ses amis, avant son élection de 1981. Son intérêt pour l'ésotérisme n'était un secret pour personne. De là à voir un lien de cause à effet, il n'y a qu'un pas...
Pendant que la rumeur suscite toutes les convoitises, un autre trésor peine à mobiliser l'opinion publique : les 12 millions de victimes de la sécheresse et de la famine, menacées de mort dans la corne de l'Afrique. Privés de pluie depuis 3 ans, la Somalie, l’Éthiopie, le Kenya, Djibouti et maintenant l'Ouganda souffrent de la désertification des terres et de la migration massive des populations vers des villes en manque de moyens et en proie à la violence. Sur place, une poignée d'organisations humanitaires s'efforcent de sensibiliser les pays occidentaux au don et à l'action, en cette période de vacances où le temps est plutôt à l'insouciance, voire à l'indifférence. Les vacanciers préfèrent se passionner pour une histoire de requin à Saint-Tropez que pour une crise alimentaire sans précédent.
Dans son édito du 25 juillet, Christophe Barbier de l'Express, rappelle que l'Occident est menacé de "somalisation". "La corne de l'Afrique, écrit-il, nous semble bien inoffensive, que l'on peut ignorer sans risquer quelque vengeance ni payer autre chose que le prix du remords. Mais elle pourrait bien n'être qu'une anticipation de notre avenir collectif. (...) Absence de tout gouvernement, diktat des marchés légaux et crapuleux, chaos militaire, désastre économique... Ce qui aujourd'hui nous laisse froid pourrait, demain, nous consumer." Il parait qu'une partie du budget mondial consacré à la défense pourrait éradiquer la faim dans le monde. Cela laisse songeur.
Où est mon trésor ? Les choix que nous prenons, dans l'emploi de notre temps, de nos énergies et de nos moyens, révèlent quel trésor nous cherchons : celui de la richesse et du plaisir égoïste, ou bien celui du cœur ? Aux requins de nous le dire.
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