François Mitterrand disait qu'il n'y a rien de plus vieux que le journal de la veille. Depuis ce week-end, même le journal du jour peut prendre un sacré coup de vieux.
En effet, lorsque la nouvelle de l'arrestation de DSK est tombée, le JDD avait bouclé et lancé à l'impression son dossier politique, sur la base d'un sondage qui donnait le président du FMI grand favori pour la présidentielle 2012*. La polémique de la Porsche avait glissé sur lui, sans atteindre sa crédibilité. Mais il aura suffi d'une nuit, heure française, pour bousculer la donne. Un commentaire évoquait "l'attentat politique", autrement dit la thèse du complot. Quelle que soit la vérité qui, à défaut de preuve à ce jour, n'appartient qu'à DSK et son accusatrice, c'est un coup de tonnerre politique qui ébranle l'échiquier international aussi bien que les enjeux électoraux de la France. Les thèses les plus folles peuvent donc circuler. A l'étranger, l'un des hommes les plus puissants de la scène économique est contraint de passer la main en pleine gestion de crise. Serait-ce un coup de semonce contre sa politique monétaire ? La femme de chambre par qui le scandale est arrivé aurait-elle pu être téléguidée pour nuire à la réputation de DSK ? Pourquoi pas. Tirer sur un président quand ses prises de position gênent, ça s'est déjà fait. Mais alors, la forte médiatisation de l'affaire devrait avoir raison du secret. La question est : dans combien de temps ? En France, il était donné gagnant dans les sondages à la présidentielle de 2012, quelle que soit l'issue des primaires socialistes. Des candidats pernicieux, au PS comme ailleurs, seraient-ils suffisamment influents pour le torpiller en plein état de grâce ? C'est peu probable tellement le coup fumeux sent le scénario d'espionnage américain bien huilé. Un nouveau "Monicagate". Pas du genre "affaire Renault" maladroite. Autre hypothèse : le quiproquo. La femme de chambre toque à la porte. Pas de réponse. DSK est dans sa douche. Elle entre, il sort. La rencontre tourne au psychodrame. Mais certains éléments à charge, comme des signes d'altercation que des examens médicaux ont pour but de vérifier, pourraient contredire la thèse de la méprise. Dernier cas de figure, le plus redoutable : DSK est un chaud lapin. Au point de se croire autorisé à abuser d'une femme de chambre, la soubrette faisant partie des fantasmes masculins. Mais pourquoi cet homme de pouvoir, ultra exposé, risquerait-il de compromettre sa famille et sa carrière par une histoire de mœurs dans le pays le plus puritain du monde, même dans un coup de sang ? Dans ce cas, on ne parle plus d'attentat mais de suicide politique. Alors, à qui profite le crime ? Au débat, tout simplement. Car depuis vingt-quatre heures, les cartes du jeu ont été redistribuées. Une vitalité démocratique cher payée.
En effet, lorsque la nouvelle de l'arrestation de DSK est tombée, le JDD avait bouclé et lancé à l'impression son dossier politique, sur la base d'un sondage qui donnait le président du FMI grand favori pour la présidentielle 2012*. La polémique de la Porsche avait glissé sur lui, sans atteindre sa crédibilité. Mais il aura suffi d'une nuit, heure française, pour bousculer la donne. Un commentaire évoquait "l'attentat politique", autrement dit la thèse du complot. Quelle que soit la vérité qui, à défaut de preuve à ce jour, n'appartient qu'à DSK et son accusatrice, c'est un coup de tonnerre politique qui ébranle l'échiquier international aussi bien que les enjeux électoraux de la France. Les thèses les plus folles peuvent donc circuler. A l'étranger, l'un des hommes les plus puissants de la scène économique est contraint de passer la main en pleine gestion de crise. Serait-ce un coup de semonce contre sa politique monétaire ? La femme de chambre par qui le scandale est arrivé aurait-elle pu être téléguidée pour nuire à la réputation de DSK ? Pourquoi pas. Tirer sur un président quand ses prises de position gênent, ça s'est déjà fait. Mais alors, la forte médiatisation de l'affaire devrait avoir raison du secret. La question est : dans combien de temps ? En France, il était donné gagnant dans les sondages à la présidentielle de 2012, quelle que soit l'issue des primaires socialistes. Des candidats pernicieux, au PS comme ailleurs, seraient-ils suffisamment influents pour le torpiller en plein état de grâce ? C'est peu probable tellement le coup fumeux sent le scénario d'espionnage américain bien huilé. Un nouveau "Monicagate". Pas du genre "affaire Renault" maladroite. Autre hypothèse : le quiproquo. La femme de chambre toque à la porte. Pas de réponse. DSK est dans sa douche. Elle entre, il sort. La rencontre tourne au psychodrame. Mais certains éléments à charge, comme des signes d'altercation que des examens médicaux ont pour but de vérifier, pourraient contredire la thèse de la méprise. Dernier cas de figure, le plus redoutable : DSK est un chaud lapin. Au point de se croire autorisé à abuser d'une femme de chambre, la soubrette faisant partie des fantasmes masculins. Mais pourquoi cet homme de pouvoir, ultra exposé, risquerait-il de compromettre sa famille et sa carrière par une histoire de mœurs dans le pays le plus puritain du monde, même dans un coup de sang ? Dans ce cas, on ne parle plus d'attentat mais de suicide politique. Alors, à qui profite le crime ? Au débat, tout simplement. Car depuis vingt-quatre heures, les cartes du jeu ont été redistribuées. Une vitalité démocratique cher payée.
(*) C'est en tous cas le journal que j'ai eu entre les mains dès 9h. Une autre édition, avec une Une modifiée à la dernière minute pour coller à l'actualité, a été distribuée en Ile-de-France.