dimanche 1 mai 2011

Béatifications

Dimanche 1er mai. Jour férié, Fête du travail. La précision a son importance. Tandis que Rome fait un bienheureux, Paris fait un malheureux. 11h12, c'est l'heure exacte à laquelle a été placé sur mon pare-brise, non pas un brin de muguet pour me porter chance, mais ce petit papier carboné qui porte le doux nom de contravention, niveau 2 (amende forfaitaire de 35 euros) pour stationnement "gênant sur voie désignée par arrêté et dûment signalée". Derrière la formulation de technocrate, on ne peut comprendre que j'étais garé avec d'autres voitures le long d'un square, place Dupleix, dans le 15e arrondissement de Paris, sur un emplacement non dédié au stationnement mais "réquisitionné" en bonne intelligence, pour une heure, comme un soir de match.  J'ai donc enfreint la dure loi de la circulation. Forcément, dans ces cas-là, les noms d'oiseaux fusent. Je me dis que les fonctionnaires de police n'ont aucune limite. Ils ne respectent même pas les jours fériés. Et ils travaillent un dimanche ! Quel zèle ! Où sont-ils ces syndicalistes qui exigent la justice sociale quand les grands magasins ouvrent leurs portes, un jour de repos, et font travailler les volontaires pendant les fêtes de fin d'année, moyennant des amendes symboliques largement couvertes par les bénéfices ? Pendant ce temps, Marie Pervenche turbine. Il fut un temps où Jacques Chirac s'indignait contre l'acharnement des forces de l'ordre à verbaliser l'automobiliste pendant que les délinquants couraient les rues. Puis, il avait pris le pas inverse en radicalisant son discours contre les chauffards. Entre les deux, existe-t-il une marge ? Livraisons, handicapés : il y a des emplacements urbains sur lesquels on ne déroge pas. Pour le reste, a-t-on tellement perverti le système en trichant qu'on ne peut plus laisser libre cours à l'interprétation, à la bonne foi, à la bienveillance citoyenne ? Ma voiture a bel et bien été diabolisée à Paris, avec le concours du Maire et de ses adjoints. Après Vélib', viendra le temps d'Autolib', puis de la fermeture définitive des quais de Seine. Autant de places de parking que de voies de circulations condamnées. Et pourtant, le trafic automobile n'a pas l'intention de céder aux intimidations de quelques élus soi-disant éco-responsables. Bertrand Delanöe s'est rendu à Europe 1 récemment pour une interview. Y est-il allé en bicyclette, comme Noël Mamère... ? Pour le principe, je vais donc contester cette contravention en écrivant à Monsieur l'Officier du Ministère Public, de la Direction Territoriale de la Sécurité de Proximité, et tenter de lui tirer des larmes devant tant de haine administrative. On ne fait pas bosser une contractuelle un dimanche férié, jour de la fête du travail. Mais on lui offre du muguet. M'enfin...