Au cœur du 1er arrondissement de Paris, dans l'une des rues les plus commerçantes, un lieu échappe aux conventions. Hors du temps et de l'espace, le 59 Rivoli est une cité dans la cité. Dehors, défiant les passants empressés et les gaz d'échappement, la façade d'un immeuble haussmannien interpelle, étonne, dérange. Point de boules, ni de guirlandes en cette période de Noël. Mais une gigantesque toile d'araignée sur laquelle sont suspendues des culottes géantes. Un pied de nez aux boutiques de fringues ? Les avis sont partagés. Dedans, c'est une ruche, à tous les étages. Une trentaine d'artistes facétieux, de toutes nationalités, bourdonnent, sous les yeux de visiteurs en quête d'un peu de bohème. Il faut oser entrer pour bouleverser les idées reçues.
Soutenu par une poignée d'élus et des milliers de visiteurs, chaque année plus nombreux, l'ancien squat de la rue de Rivoli est devenu un lieu alternatif dédié à l'art contemporain. Squat. Le mot est lâché. Le vilain mot, connoté, qui fait bondir, reculer, mépriser. Car, au début, était la provocation. L'occupation illégale d'un bâtiment public, laissé à l'abandon et au crime. D'irréductibles créatifs, avec à leur tête le KGB - du nom des trois fondateurs, Kalex, Gaspard et Bruno -, poussent un cri d'indignation pour dénoncer l'indifférence du Crédit Lyonnais, propriétaire d'alors, à l'égard d'un patrimoine architectural en pleine souffrance. Alors que des gens vivent dehors. Et que des artistes cherchent des ateliers, pour travailler. Bravant l'interdit, David s'est mesuré à Goliath. Après onze années de procédures judiciaires et de travaux de rénovation, les pionniers ont troqué les armes contre des pinceaux et changé de révolution. Après la bataille des mots, c'est la résistance par les couleurs, les formes, les matières. Une vraie renaissance, promise par le candidat Bertrand Delanoë. Propriété de la Mairie de Paris, 59 Rivoli est devenu un atelier vivant et accessible où les œuvres naissent, en direct, sous le regard des curieux. Le spectateur participe, par sa présence, sa contemplation ou son témoignage, à l'acte de création en lui-même. L'histoire du 59 est donc un héritage qu'il faut porter.
Soutenu par une poignée d'élus et des milliers de visiteurs, chaque année plus nombreux, l'ancien squat de la rue de Rivoli est devenu un lieu alternatif dédié à l'art contemporain. Squat. Le mot est lâché. Le vilain mot, connoté, qui fait bondir, reculer, mépriser. Car, au début, était la provocation. L'occupation illégale d'un bâtiment public, laissé à l'abandon et au crime. D'irréductibles créatifs, avec à leur tête le KGB - du nom des trois fondateurs, Kalex, Gaspard et Bruno -, poussent un cri d'indignation pour dénoncer l'indifférence du Crédit Lyonnais, propriétaire d'alors, à l'égard d'un patrimoine architectural en pleine souffrance. Alors que des gens vivent dehors. Et que des artistes cherchent des ateliers, pour travailler. Bravant l'interdit, David s'est mesuré à Goliath. Après onze années de procédures judiciaires et de travaux de rénovation, les pionniers ont troqué les armes contre des pinceaux et changé de révolution. Après la bataille des mots, c'est la résistance par les couleurs, les formes, les matières. Une vraie renaissance, promise par le candidat Bertrand Delanoë. Propriété de la Mairie de Paris, 59 Rivoli est devenu un atelier vivant et accessible où les œuvres naissent, en direct, sous le regard des curieux. Le spectateur participe, par sa présence, sa contemplation ou son témoignage, à l'acte de création en lui-même. L'histoire du 59 est donc un héritage qu'il faut porter.
En marge des musées ou des galeries, souvent hermétiques aux nouvelles générations, dont parmi elles peut-être les Chagall de demain, l'art contemporain est, par essence, une affaire de goût, de subjectivité. Comment peut-on dépasser les clivages culturels et artistiques pour s'entendre sur des ressentis, des coups de cœur ? Il faut commencer par éviter tout jugement hâtif, influencé par des raisonnements partisans ou élitistes, et pousser la porte colorée d'un site décalé. Aller à la rencontre des artistes liés par une formidable aventure humaine et à la découverte d'une diversité d'œuvres, sans préjugés. Jouer le jeu, selon sa sensibilité et son humeur. Tel est l'exercice auquel nous invite le 59 Rivoli. Cette adresse mythique et symbolique est parvenue à s'imposer dans le paysage culturel urbain, au-delà des tutelles et de sa réputation de "poil à gratter", tout en préservant l'inventivité et la dérision, au sens où l'entendait Alain Bashung. Pour amener une réflexion, déranger, formuler les bonnes questions et trouver des solutions. Peu avant sa mort, l'un des chanteurs les moins complaisants du show-business, déplorait dans un entretien accordé à l'Express (20 mars 2008) : "Aujourd'hui, le sens s'est déplacé. La provocation se résume à un bon coup de pub". L'art contemporain permet-il encore ce questionnement ? La réponse se trouve au 59, sans aucun doute. Mais pour combien de temps encore ?