Accueil à l'aéroport, garde républicaine, quartiers bouclés, dépose de gerbe à la tombe du soldat inconnu, protocole tiré au cordeau, dîner aux grands crus de Bordeaux, promenade des anglais : rien n'a été trop beau pour la visite à Paris du président chinois. Oui mais...
La rencontre de la réconciliation. Le matin même, à Troyes, Nicolas Sarkozy affirmait, malgré une grimace qui en disait long, que la "Chine ne doit pas être vécue comme un risque mais comme une opportunité". En revoyant la scène, on se dit qu'il cherchait ses mots. Inhabituel. Puis, au cœur du voyage présidentiel, se tenait la cérémonie des contrats. Une image m'a fait sourire : à la table des négociations, les deux chefs d'état étaient sur le point de signer eux-mêmes les engagements commerciaux, à la place des chefs d'entreprise. Un lapsus qui montre bien à quel point cet événement fut à visée politique et non économique. D'ailleurs, depuis cette mise en scène, la presse parle davantage de promesses que de commandes fermes. Exhumant au passage les autres voyages diplomatiques de la France ou les réceptions en grande pompe de chefs d'état controversés, dispositifs fort coûteux où des accords ont été signés. Or, très peu ont été honorés à ce jour. En outre, non seulement la Chine achète des avions ou des centrales à la France mais elle exige aussi un transfert de technologie auprès de leurs propres techniciens. Un vrai risque industriel pour les entreprises françaises qui pourraient subir, à terme, le même sort que Danone avec Wahaha. Souvenez-vous. C'était en 1996. Les deux sociétés signaient un accord de coentreprise sur le marché de l'eau. Danone détenait 51% du capital contre 49% pour la marque chinoise. Après quelques années de coopération, Danone découvrait que le dirigeant de Wahaha, Zong Qinghou, développait un réseau de vente parallèle à la joint-venture, sous la même marque. Le mariage s'est soldé par un divorce devant les tribunaux. Un litige réglé treize ans plus tard. Depuis, la Chine reste un potentiel paradoxal : croissance insolente, perspectives de marchés phénoménales, consommation débridée mais pression politique forte et atteintes graves aux droits de l'homme. Dans ces conditions, comment faire pleinement confiance à des dirigeants qui fustigent leur Nobel de la Paix ? Pourtant, la semaine dernière, l'heure était à l'entente cordiale. Aux oubliettes la rencontre critiquée entre Nicolas Sarkozy et le Dalaï-lama. Le stylo de la balance commerciale avait remplacé la flamme olympique. Était-ce le prix à payer pour faire des affaires avec l'empire du milieu ? Je me pose la question. Car quand la Chine s'éveillera, elle pourrait bien nous endormir.
La rencontre de la réconciliation. Le matin même, à Troyes, Nicolas Sarkozy affirmait, malgré une grimace qui en disait long, que la "Chine ne doit pas être vécue comme un risque mais comme une opportunité". En revoyant la scène, on se dit qu'il cherchait ses mots. Inhabituel. Puis, au cœur du voyage présidentiel, se tenait la cérémonie des contrats. Une image m'a fait sourire : à la table des négociations, les deux chefs d'état étaient sur le point de signer eux-mêmes les engagements commerciaux, à la place des chefs d'entreprise. Un lapsus qui montre bien à quel point cet événement fut à visée politique et non économique. D'ailleurs, depuis cette mise en scène, la presse parle davantage de promesses que de commandes fermes. Exhumant au passage les autres voyages diplomatiques de la France ou les réceptions en grande pompe de chefs d'état controversés, dispositifs fort coûteux où des accords ont été signés. Or, très peu ont été honorés à ce jour. En outre, non seulement la Chine achète des avions ou des centrales à la France mais elle exige aussi un transfert de technologie auprès de leurs propres techniciens. Un vrai risque industriel pour les entreprises françaises qui pourraient subir, à terme, le même sort que Danone avec Wahaha. Souvenez-vous. C'était en 1996. Les deux sociétés signaient un accord de coentreprise sur le marché de l'eau. Danone détenait 51% du capital contre 49% pour la marque chinoise. Après quelques années de coopération, Danone découvrait que le dirigeant de Wahaha, Zong Qinghou, développait un réseau de vente parallèle à la joint-venture, sous la même marque. Le mariage s'est soldé par un divorce devant les tribunaux. Un litige réglé treize ans plus tard. Depuis, la Chine reste un potentiel paradoxal : croissance insolente, perspectives de marchés phénoménales, consommation débridée mais pression politique forte et atteintes graves aux droits de l'homme. Dans ces conditions, comment faire pleinement confiance à des dirigeants qui fustigent leur Nobel de la Paix ? Pourtant, la semaine dernière, l'heure était à l'entente cordiale. Aux oubliettes la rencontre critiquée entre Nicolas Sarkozy et le Dalaï-lama. Le stylo de la balance commerciale avait remplacé la flamme olympique. Était-ce le prix à payer pour faire des affaires avec l'empire du milieu ? Je me pose la question. Car quand la Chine s'éveillera, elle pourrait bien nous endormir.