Peinant de plus en plus à se justifier, la grogne sociale emprunte aujourd'hui à l'Histoire ce qu'elle n'est plus capable d'expliquer par elle-même. Souvenez-vous de la commissaire européenne, Viviane Redding, qui avait fait un parallèle entre l'expulsion de Roms et les déportations de la Seconde Guerre Mondiale. Entendu ce matin sur Europe 1, le leader des militants CGT du groupe Total, Charles Foulard, a qualifié l'intervention des gendarmes à la raffinerie de Grandpuits "d'entrave au droit de grève", n'hésitant pas à évoquer les rafles de Pétain. Rien que ça !
Nous laisserons aux victimes de cette douloureuse période de notre histoire, à leurs familles et aux Justes qui ont sauvé des milliers de vies, le soin d'apprécier l'allusion. Témoins sarcastiques des mouvements sociaux en France, les journaux étrangers parlent d'un nouveau mai 68. Désormais, on devrait plutôt parler d'un nouveau juillet 1789. En effet, après la prise de la Bastille, symbole du soulèvement révolutionnaire contre le pouvoir de la noblesse, c'est la prise de Grandpuits. Et les piquets de grève ont remplacé les fourches. Dans un point presse organisé au milieu de la nuit dernière, Charles Foulard a déclaré : "Du temps de Pétain, nous connaissions les rafles ; sous l'ère de Nicolas Sarkozy, nous connaissons la rafle de nos acquis sociaux, la rafle du droit syndical puisque, par cette réquisition, il entrave les salariés dans leur exercice du droit de grève". Quid de l'entrave à la liberté de circulation ? Et au droit des Français à travailler avec sérénité ? Car les petits matins ne sentent plus les croissants et le café chaud. Ils ont comme un goût amer. La France qui se lève tôt ne sait pas si elle retrouvera sa voiture en bon état, si elle pourra faire le plein d'essence et franchir les barrages routiers, pour rejoindre leur bureau, à l'heure. Dans le dictionnaire, grève signifie "cessation collective et concertée du travail, décidée par les salariés dans le but d'appuyer une revendication professionnelle". Nulle part, il est écrit : "Loi de Murphy, appelée aussi loi de l'emmerdement maximum ; donne le droit aux salariés en grève de bloquer la libre circulation des marchandises et des personnes dans un pays en vue de paralyser l'économie." Grandpuits est donc en passe de devenir un nouveau symbole d'opposition aux "riches et aux puissants" que "Nicolas Sarkozy s'attache surtout à protéger depuis les élections présidentielles". Nous y sommes : la mobilisation ne concerne plus seulement la reforme des retraites. Elle s'est élevée (façon de parler) à un débat plus large, et surtout plus politisé, visant à stigmatiser la lutte des classes. Et Charles Foulard de rappeler que le mouvement social ("mouvement", drôle d'appellation pour une immobilisation devant les grilles d'un site industriel !) ne s'est pas formé "contre l'économie du pays". "On ne fait pas un mouvement social pour paralyser un pays. Ça n'a jamais été l'objectif". Objectif, non. Mais conséquence, oui. Alors, il temps que tout le monde prenne ses responsabilités. Avant que les patiences ne soient usées, comme dirait Audiard. Et surtout, avant que des têtes ne tombent. Aux pompes, citoyens ! Formez vos bataillons. Roulons, roulons. Qu'un pétrole raffiné abreuve nos réservoirs.
Nous laisserons aux victimes de cette douloureuse période de notre histoire, à leurs familles et aux Justes qui ont sauvé des milliers de vies, le soin d'apprécier l'allusion. Témoins sarcastiques des mouvements sociaux en France, les journaux étrangers parlent d'un nouveau mai 68. Désormais, on devrait plutôt parler d'un nouveau juillet 1789. En effet, après la prise de la Bastille, symbole du soulèvement révolutionnaire contre le pouvoir de la noblesse, c'est la prise de Grandpuits. Et les piquets de grève ont remplacé les fourches. Dans un point presse organisé au milieu de la nuit dernière, Charles Foulard a déclaré : "Du temps de Pétain, nous connaissions les rafles ; sous l'ère de Nicolas Sarkozy, nous connaissons la rafle de nos acquis sociaux, la rafle du droit syndical puisque, par cette réquisition, il entrave les salariés dans leur exercice du droit de grève". Quid de l'entrave à la liberté de circulation ? Et au droit des Français à travailler avec sérénité ? Car les petits matins ne sentent plus les croissants et le café chaud. Ils ont comme un goût amer. La France qui se lève tôt ne sait pas si elle retrouvera sa voiture en bon état, si elle pourra faire le plein d'essence et franchir les barrages routiers, pour rejoindre leur bureau, à l'heure. Dans le dictionnaire, grève signifie "cessation collective et concertée du travail, décidée par les salariés dans le but d'appuyer une revendication professionnelle". Nulle part, il est écrit : "Loi de Murphy, appelée aussi loi de l'emmerdement maximum ; donne le droit aux salariés en grève de bloquer la libre circulation des marchandises et des personnes dans un pays en vue de paralyser l'économie." Grandpuits est donc en passe de devenir un nouveau symbole d'opposition aux "riches et aux puissants" que "Nicolas Sarkozy s'attache surtout à protéger depuis les élections présidentielles". Nous y sommes : la mobilisation ne concerne plus seulement la reforme des retraites. Elle s'est élevée (façon de parler) à un débat plus large, et surtout plus politisé, visant à stigmatiser la lutte des classes. Et Charles Foulard de rappeler que le mouvement social ("mouvement", drôle d'appellation pour une immobilisation devant les grilles d'un site industriel !) ne s'est pas formé "contre l'économie du pays". "On ne fait pas un mouvement social pour paralyser un pays. Ça n'a jamais été l'objectif". Objectif, non. Mais conséquence, oui. Alors, il temps que tout le monde prenne ses responsabilités. Avant que les patiences ne soient usées, comme dirait Audiard. Et surtout, avant que des têtes ne tombent. Aux pompes, citoyens ! Formez vos bataillons. Roulons, roulons. Qu'un pétrole raffiné abreuve nos réservoirs.
Illustration : Philippe Tastet