vendredi 10 septembre 2010

Liberté, égalité, fraternité ?

Ce matin, alors que je consulte les petites annonces, affichées dans l'église de mon quartier, en quête de baby-sitters sérieuses pour mes enfants, une femme m'apostrophe : "Vous cherchez quelque chose ?" Après lui avoir expliqué le but de ma démarche, elle me confie son désarroi. "Je viens de Normandie. Mon fils de 7 ans est inscrit à l'école d'à-côté. Ça lui plait beaucoup. Mais nous vivons chez ma mère. Je cherche un logement et un boulot. C'est urgent. Une vraie galère. Sinon, je risque de repartir en Normandie, au grand désespoir de mon fils. Mais il n'y a rien là-bas." J'imagine facilement sa détresse : les refus systématiques des agences immobilières, faute de garanties sérieuses ; les prix exorbitants ; les interminables listes d'attente pour obtenir un logement social. Femme seule avec enfant cherche appartement. Le mauvais plan, à Paris, en 2010. Dans le silence de cette grande église, je peux ressentir son angoisse, la pression qui monte. Que lui apporter ? Un soutien, des conseils, l'accès à un réseau d'entraide ? Nous échangeons nos coordonnées. On ne sait jamais. Une bonne idée, au hasard des rencontres. De retour chez moi, je parcours la presse, les nouvelles du jour. Dans le gratuit "Métro", une publicité me fait bondir : "Propriétaires... Garantissez le paiement de vos loyers ! Louez votre logement aux agents de la préfecture de police et du ministère de l'Intérieur. Vous bénéficiez de la garantie du paiement du loyer sans frais de dossier en échange d'une réduction de son montant dans le strict respect du bail et de la législation". Forcément, à des propriétaires, frileux de louer à une femme seule avec enfant, en recherche d'emploi, cette offre a toutes les chances de faire mouche. Louer moins cher mais louer sûrement à des fonctionnaires, chantres de la stabilité professionnelle et de la sécurité financière, c'est moins risqué. Mais est-ce plus humain ? L'administration n'a-t-elle pas les moyens de loger son personnel ? Doit-elle stigmatiser davantage les candidats fragiles ? L'expression est bien connue : on ne prête qu'aux riches.