Trop, c'est trop ! Qu'on soit d'accord ou non avec la politique de Nicolas Sarkozy, il y a des limites au lynchage médiatique. A force de taper sur le Président de la République, de manière justifiée ou non, c'est l'image de la France qui souffre dans le monde.
Notre position, à l'échelle européenne, est déjà fragilisée par une politique sécuritaire contestée. Fidel Castro avait traité Nicolas Sarkozy de "fou", redoutant un recours à la force nucléaire dans un acte de démence. La menace terroriste, et son cortège d'appels anonymes, fait - hélas ! - son grand retour dans les magasins et les gares parisiennes. Nos soldats sont désormais des cibles prioritaires sur les fronts islamistes. Et, carrefour de la parole libre, la Toile est devenue le grand défouloir. Du coup, la presse internationale, à commencer par Newsweek, se fait l'écho des médias français les plus vitupérants, en présentant le chef de l'Etat comme le nouvel extrémiste.
Mais quel sera le poids de notre voix et de nos talents, dans les grands chantiers de demain, si nous faisons passer le premier ambassadeur de France pour une marionnette, un bouffon ou un dictateur ? Croyez-vous que cela va améliorer notre influence dans l'économie, les relations internationales, la défense de nos valeurs ? Bien sûr, il faut que la démocratie se fasse. Que l'opposition s'exprime et crée, sur un programme et non une stratégie électorale, un contre-poids à la majorité. Mais sans insolence. Ni violence. Dans son édition d'aujourd'hui, L'Express titre "Pourquoi il suscite la haine", dénonçant les excès de l'antisarkozysme primaire. En effet, le sarko bashing, à tort ou à raison, dévoile le revers de la médaille. A travers la déstabilisation d'un homme, on égratigne au passage la fonction présidentielle. Et les chances de nos entreprises de gagner des marchés à l'étranger, de valoriser nos savoirs et nos savoirs-faire, de redorer notre blason. Bref, de raccrocher la France au train de la relance économique et morale après ces redoutables années de crise, dans un contexte de plus en plus concurrentiel. Ne pourrions-nous pas laver notre linge sale en famille ? Faut-il encore siffler la marseillaise alors que l'arbitre est déjà à terre ? Au risque que notre drapeau finisse dans les flammes de l'acharnement populaire.