Dans le film inoubliable de Gérard Oury, La Folie des Grandeurs, le valet Blaze, sous les traits d’Yves Montand, réveille son maître, Don Sallustre, campé par un Louis de Funès au sommet de son art, au son des pièces d’or que ce dernier garde bien précieusement près de son lit. Qui a ces images en tête se souvient des célèbres répliques qui les accompagnent : « C’est l’or, il est l’or, l’or de se réveiller. Monseignor, il est huit or…. » Don Sallustre se redresse : « Il en manque une ! ». Blaze : « Vous êtes sor ? ». « Tout à fait sor. Regardez sous le lit ! ». Et bien, ce matin, en écoutant les nouvelles à la radio, j’ai eu l’impression de revivre cette scène. Etre réveillé au son des pièces d’or, bercé par la cupidité. L’actualité ne parle que d’argent.
Quand ce n’est pas Rama Yade qui dénonce les coûts d’hébergement exorbitants de l’équipe de France ou la polémique des primes et des frais engloutis pour leur isolement, c’est l’affaire Kerviel et ses cinq milliards de dollars. Un procès qui réveille les vieux démons de la finance et les ficelles de la spéculation excessive à qui l’on doit la crise actuelle. Ou alors, Christine Boutin, obligée de se justifier sur ses 9 500 euros de salaire mensuel pour une mission commandée par l’Elysée. Cela devient pénible, ce réveil quasi quotidien sous les sirènes du pognon. Jamais on ne parle de juste prix, de valeur travail, de mérite, de mesure, de décence. L’effet amplificateur des médias donne tous les jours l’illusion (sans doute fondée mais là n’est pas le propos) que certains se goinfrent pendant que d’autres peinent pour boucler les fins de mois. Aucune rancœur, ni jalousie de ma part. Je n’ai jamais été vénal. Mais on dirait un remake de 1789, lorsque les privilèges des nantis étaient étalés devant un peuple affamé. Depuis, la Bastille est tombée. Aujourd’hui, on défile dans la rue. Les drapeaux, aux slogans inventifs, ont remplacé les fourches. La grogne sociale noircit les colonnes des journaux, comme le pétrole les côtes américaines. Les fonctionnaires refusent qu’on touche à leur régime de retraite. Les gens du privé cotisent plus ? Et bien, ils n’avaient qu’à être fonctionnaires ! On croit rêver. Il y a quelques mois, c’est Alain Joyandet, le secrétaire d’Etat à la coopération, qui, pour respecter les contraintes d’un agenda chargé, s’offrait un voyage professionnel vers la Martinique en jet privé pour 116 500 euros. Il aurait mieux fait d’y aller par la mer tellement il a ramé pour s’expliquer. Sans oublier les dizaines de polémiques lâchées par le Canard Enchaîné comme des boules puantes sous les pieds des personnalités qui dérangent ou qui abusent.
Quelle image désastreuse pour nos billets de banque dont la valeur échappe désormais à nos enfants. Il n’est pas si lointain le souvenir de Gainsbourg brûlant un billet de 500 francs devant les caméras de télévision pour dénoncer la pression des prélèvements fiscaux. Face au gaspillage et à l’argent facile, comment dire ensuite à nos jeunes que nos grands-parents gagnaient leur pécule à la sueur de leur front ? Entre les mains des profiteurs, l’argent devient sale. Et dans la bouche des médias, il donne envie de vomir. Du coup, nombreux sont ceux qui, à la fois éblouis et frustrés par ce faste des « milieux autorisés », souscrivent un crédit, puis deux, puis trois, pour s’offrir un peu de bonheur, une part de rêve, pour être à la hauteur. Et tombent dans la toile du surendettement. Le début des ennuis, de l’enfer. Ou alors, ils jouent au loto leurs numéros fétiches, dans l’espoir de gains astronomiques. Sans ignorer que les probabilités sont contre eux. Peu importe. Les vies de rêve mises en scène dans les publicités de la Française des jeux paraissent tellement accessibles. Que reste-t-il de nos cours d’économie où l’on apprenait que « la monnaie n’est qu’un voile », selon le vieil adage de l’économiste libéral Jean-Baptiste Say, partisan enthousiaste de la Révolution française ? Inutile de le désirer pour lui-même, de le thésauriser, de l’encenser comme un veau d’or. Instrument d’échange et de mesure des valeurs, il circule librement et… partout !
Quand ce n’est pas Rama Yade qui dénonce les coûts d’hébergement exorbitants de l’équipe de France ou la polémique des primes et des frais engloutis pour leur isolement, c’est l’affaire Kerviel et ses cinq milliards de dollars. Un procès qui réveille les vieux démons de la finance et les ficelles de la spéculation excessive à qui l’on doit la crise actuelle. Ou alors, Christine Boutin, obligée de se justifier sur ses 9 500 euros de salaire mensuel pour une mission commandée par l’Elysée. Cela devient pénible, ce réveil quasi quotidien sous les sirènes du pognon. Jamais on ne parle de juste prix, de valeur travail, de mérite, de mesure, de décence. L’effet amplificateur des médias donne tous les jours l’illusion (sans doute fondée mais là n’est pas le propos) que certains se goinfrent pendant que d’autres peinent pour boucler les fins de mois. Aucune rancœur, ni jalousie de ma part. Je n’ai jamais été vénal. Mais on dirait un remake de 1789, lorsque les privilèges des nantis étaient étalés devant un peuple affamé. Depuis, la Bastille est tombée. Aujourd’hui, on défile dans la rue. Les drapeaux, aux slogans inventifs, ont remplacé les fourches. La grogne sociale noircit les colonnes des journaux, comme le pétrole les côtes américaines. Les fonctionnaires refusent qu’on touche à leur régime de retraite. Les gens du privé cotisent plus ? Et bien, ils n’avaient qu’à être fonctionnaires ! On croit rêver. Il y a quelques mois, c’est Alain Joyandet, le secrétaire d’Etat à la coopération, qui, pour respecter les contraintes d’un agenda chargé, s’offrait un voyage professionnel vers la Martinique en jet privé pour 116 500 euros. Il aurait mieux fait d’y aller par la mer tellement il a ramé pour s’expliquer. Sans oublier les dizaines de polémiques lâchées par le Canard Enchaîné comme des boules puantes sous les pieds des personnalités qui dérangent ou qui abusent.
Quelle image désastreuse pour nos billets de banque dont la valeur échappe désormais à nos enfants. Il n’est pas si lointain le souvenir de Gainsbourg brûlant un billet de 500 francs devant les caméras de télévision pour dénoncer la pression des prélèvements fiscaux. Face au gaspillage et à l’argent facile, comment dire ensuite à nos jeunes que nos grands-parents gagnaient leur pécule à la sueur de leur front ? Entre les mains des profiteurs, l’argent devient sale. Et dans la bouche des médias, il donne envie de vomir. Du coup, nombreux sont ceux qui, à la fois éblouis et frustrés par ce faste des « milieux autorisés », souscrivent un crédit, puis deux, puis trois, pour s’offrir un peu de bonheur, une part de rêve, pour être à la hauteur. Et tombent dans la toile du surendettement. Le début des ennuis, de l’enfer. Ou alors, ils jouent au loto leurs numéros fétiches, dans l’espoir de gains astronomiques. Sans ignorer que les probabilités sont contre eux. Peu importe. Les vies de rêve mises en scène dans les publicités de la Française des jeux paraissent tellement accessibles. Que reste-t-il de nos cours d’économie où l’on apprenait que « la monnaie n’est qu’un voile », selon le vieil adage de l’économiste libéral Jean-Baptiste Say, partisan enthousiaste de la Révolution française ? Inutile de le désirer pour lui-même, de le thésauriser, de l’encenser comme un veau d’or. Instrument d’échange et de mesure des valeurs, il circule librement et… partout !
En 1980, un groupe chantait : « prenez un enfant, faites-en un roi. Couvrez-le d’or et de diamants. Cachez-vous en attendant. Vous n’attendrez pas longtemps. Les vautours tournent autour de l’enfant. Le blé a les dents acérées et les hyènes vont le dévorer. Le môme deviendra banquier ou le môme sera lessivé, lessivé, lessivé… ». C’était Téléphone qui criait que l’argent est trop cher, trop grand et que la vie n’a pas de prix. En trente ans, rien n’a bougé. Sous la baguette de quelques apprenti-sorciers, politiciens ou footballeurs, le capitalisme n’a toujours aucune morale. Et le grisbi restera toujours un motif de fâcherie.