dimanche 25 novembre 2012

Une épitaphe pour l'UMP


"Rien ne serait pire après mon départ que la division". Au soir de sa défaite, Nicolas Sarkozy fait cette mise en garde. Elle sonne aujourd'hui comme une épitaphe pour l'UMP. Dans son livre passionnant Scènes de la vie quotidienne à l’Elysée*, Camille Pascal évoque les coulisses de cette soirée. Notamment l’entretien entre l’ancien chef de l’Etat et ses probables successeurs à la présidence de son parti, François Fillon et Jean-François Copé, "inévitablement concurrents" : "Je vous demande une seule chose, vous devez vous engager à protéger l’unité de la famille. Quoi qu’il advienne. Vous me le devez". La promesse n’a pas tenu.

L’UMP est morte avec le départ du Président de la République qu’elle a contribué à élire. Car, contrairement aux convictions du Général de Gaulle, un parti politique reste un appareil stratégique qui sert à présidentialiser un candidat et le catapulter à l’Elysée. Or, quand le champion est KO, le ring doit être démonté. Dans cette guerre fratricide et médiatique qui n’a pas encore rendu son dernier souffle, la plupart des ressorts du tremplin ont lâché.

Appelé à la rescousse pour arbitrer un conflit dont il ne sortira pas indemne non plus, Alain Juppé est arrivé trop tard. Au moins s’il avait été candidat à la place de Nicolas Sarkozy, non seulement il créait la surprise mais le "meilleur d’entre nous" réconciliait les sensibilités de droite. Sa côte de popularité auprès des Français, révélée ce matin dans le JDD, montre qu’il aurait eu une carte à jouer pour éviter la cristallisation des déçus du sarkozysme sur la candidature de François Hollande. L’histoire en a été autrement, à quelques pourcents près.

La question qui se pose aujourd’hui n’est plus la survie de l’UMP mais la nouvelle stratégie de l’opposition et les personnalités qui doivent l'incarner. Dans le même sondage publié par le JDD, les sympathisants UMP, tout comme l'ensemble des Français, attribuent la responsabilité du fiasco à Jean-François Copé, lui faisant également payer sa dérive droitière, un braconnage sur les terres du FN. A l'image troublée, Copé n’a plus la légitimité naturelle pour mobiliser l’opposition sur un projet de société crédible. Or, ni un recomptage des voix, ni l'organisation d'un nouveau scrutin, même tardif, ne cicatriseront les séquelles du psychodrame. La série TV qui déchaîne les éditorialistes depuis le 18 novembre doit trouver son épilogue, à l’écart des vieilles recettes et des mauvaises soupes.

Fillon n’a donc pas d’autre choix que de créer son propre parti avec une partie de la jeune garde réunie autour de valeurs humanistes et républicaines. Quitte à se rapprocher de l'UDI en période électorale. Les primaires prendront racine sur cet humus de centre-droit. A découvert, Copé sera contraint d'éclairer ses partisans sur ses véritables intentions vis-à-vis du parti lepéniste. Mais à qui profite le crime ? Nicolas Sarkozy ou François Hollande ? Plutôt à Jean-Louis Borloo qui avait senti le coup venir en refusant de se porter candidat à la présidentielle. La balle de match viendra-t-elle du centre ?

*Plon