Les vacances sont curieuses : on devrait y trouver du temps pour lire. En abondance. Et s’enrichir l’esprit. Bien sûr, il y a le roman que l’on se réserve depuis des mois et qui attend patiemment sur la table de chevet. Mais dépasserons-nous les cinquante premières pages ? Il faut dire que les enfants et leurs châteaux de sable, ça occupe ! Aussi, à défaut de lire de manière linéaire, restent les articles de fond d’un magazine dont on picore l’actualité par miettes. Car, en vacances, on déconnecte !
Le portable passe en mode silencieux, la télévision reste éteinte et tout lien avec les nouvelles est pratiquement rompu. C’est l’art de l’apnée médiatique. L’esprit critique aussi a droit à son repos. Or, je n’ai pas échappé pas à la règle en profitant du beau temps breton pendant que des amis malchanceux restaient bloqués à Paris pour cause de volcan islandais. J’ai lu les messages désabusés qu’ils postaient depuis l’aéroport sur Facebook ou Twitter. Ah, les joies du smartphone ! En outre, offrir des vacances à sa tête ne veut pas dire aligner son activité cérébrale sur celui du mollusque. Il faut plutôt le voir comme une purge de la pensée. A l’instar du Professeur Dumbledore, dans Harry Potter, qui vide ses souvenirs dans une bassine parce qu’ils lui encombrent l’esprit ou lui pèsent trop sur la conscience. Malgré tout, les synapses du cerveau réalisent encore d'étranges liaisons. L’autre jour, sur le marché, je tombe sur un beau livre, épuisé : Les naufrages : histoires et rituels, de Serge Sautreau. "rituels", tiens donc ? En quatrième de couverture, je lis : « Naufrages célèbres comme l'Armada, La Méduse, le Titanic, le Koursk, le Prestige, ou naufrages presque anonymes entre deux lames de fond, tous se présentent sous les auspices d'une cérémonie tragique, qui déploie différents rituels. Les bateaux ne coulent pas de la même manière selon qu'ils affrontent les ouragans, les écueils, les incendies à bord, les collisions de navires, les icebergs ou la guerre. Et lorsqu'un pétrolier se brise, c'est, avec les marées noires, la mer elle-même qui paraît sombrer. Chaque fois, la soif de conquête des hommes se heurte à plus fort qu'elle, comme si toute histoire de naufrage cachait, dans son tumulte, quelque naufrage de l'histoire. » Les naufrages respecteraient ainsi certaines règles. La première d’entre elles, et c’est bien connu : le capitaine ne quitte jamais son navire en perdition. Je fais immédiatement l’analogie avec toutes ces entreprises en faillite dont les dirigeants, séquestrés dans leur cabine parce que les équipages redoutaient une fuite prématurée, ont défrayé la chronique comme les mauvais élèves de la navigation managériale. C’est fou : aujourd’hui, les responsables ne savent plus sombrer avec dignité ! Ils sont les premiers à se précipiter sur les canots de sauvetage ou par-dessus bord. Ou pire, ne prendre aucune décision. Dernier exemple en date, la paralysie du ciel européen à cause du nuage volcanique. A entendre l’Association internationale du transport aérien (AITA) et, à sa suite, des syndicats de pilotes en grogne contre les excès de précaution, les ministres des transports, plongés dans l’incertitude, ont tardé à se concerter pendant que les compagnies aériennes perdaient 250 millions d’euros par jour. Face à l’adversité ou au désarroi, qui reste aux commandes ? C'est la vraie question. D'ailleurs, elle taraude aussi les chrétiens du monde entier depuis plusieurs semaines. Alors que le pape Benoît XVI vient de célébrer le cinquième anniversaire de son pontificat, il doit affronter le scandale des prêtres pédophiles. Sous la plume de Jean-Marie Guénois, dans le Figaro du dimanche 18 avril, la métaphore de la barque secouée par des flots déchaînés prend tout son sens : « Sans être marin, le Bavarois sait que les vagues les plus dangereuses ne sont pas les plus spectaculaires ». Et de rappeler que l’apôtre Paul s’était aussi échoué sur l’île de Malte, en l’an 60, où il fonda l’une des premières communautés chrétiennes de l’Empire romain. Ainsi, la tourmente ne conduit pas toujours au naufrage. Tout dépend de l’attitude du capitaine et d’une part de providence. Au fond, en vacances, pourquoi vaut-il mieux rester à l’écart des tempêtes, qu’elles soient médiatiques, économiques, sociales ou financières ? Parce qu’elles donnent le mal de mer.
Le portable passe en mode silencieux, la télévision reste éteinte et tout lien avec les nouvelles est pratiquement rompu. C’est l’art de l’apnée médiatique. L’esprit critique aussi a droit à son repos. Or, je n’ai pas échappé pas à la règle en profitant du beau temps breton pendant que des amis malchanceux restaient bloqués à Paris pour cause de volcan islandais. J’ai lu les messages désabusés qu’ils postaient depuis l’aéroport sur Facebook ou Twitter. Ah, les joies du smartphone ! En outre, offrir des vacances à sa tête ne veut pas dire aligner son activité cérébrale sur celui du mollusque. Il faut plutôt le voir comme une purge de la pensée. A l’instar du Professeur Dumbledore, dans Harry Potter, qui vide ses souvenirs dans une bassine parce qu’ils lui encombrent l’esprit ou lui pèsent trop sur la conscience. Malgré tout, les synapses du cerveau réalisent encore d'étranges liaisons. L’autre jour, sur le marché, je tombe sur un beau livre, épuisé : Les naufrages : histoires et rituels, de Serge Sautreau. "rituels", tiens donc ? En quatrième de couverture, je lis : « Naufrages célèbres comme l'Armada, La Méduse, le Titanic, le Koursk, le Prestige, ou naufrages presque anonymes entre deux lames de fond, tous se présentent sous les auspices d'une cérémonie tragique, qui déploie différents rituels. Les bateaux ne coulent pas de la même manière selon qu'ils affrontent les ouragans, les écueils, les incendies à bord, les collisions de navires, les icebergs ou la guerre. Et lorsqu'un pétrolier se brise, c'est, avec les marées noires, la mer elle-même qui paraît sombrer. Chaque fois, la soif de conquête des hommes se heurte à plus fort qu'elle, comme si toute histoire de naufrage cachait, dans son tumulte, quelque naufrage de l'histoire. » Les naufrages respecteraient ainsi certaines règles. La première d’entre elles, et c’est bien connu : le capitaine ne quitte jamais son navire en perdition. Je fais immédiatement l’analogie avec toutes ces entreprises en faillite dont les dirigeants, séquestrés dans leur cabine parce que les équipages redoutaient une fuite prématurée, ont défrayé la chronique comme les mauvais élèves de la navigation managériale. C’est fou : aujourd’hui, les responsables ne savent plus sombrer avec dignité ! Ils sont les premiers à se précipiter sur les canots de sauvetage ou par-dessus bord. Ou pire, ne prendre aucune décision. Dernier exemple en date, la paralysie du ciel européen à cause du nuage volcanique. A entendre l’Association internationale du transport aérien (AITA) et, à sa suite, des syndicats de pilotes en grogne contre les excès de précaution, les ministres des transports, plongés dans l’incertitude, ont tardé à se concerter pendant que les compagnies aériennes perdaient 250 millions d’euros par jour. Face à l’adversité ou au désarroi, qui reste aux commandes ? C'est la vraie question. D'ailleurs, elle taraude aussi les chrétiens du monde entier depuis plusieurs semaines. Alors que le pape Benoît XVI vient de célébrer le cinquième anniversaire de son pontificat, il doit affronter le scandale des prêtres pédophiles. Sous la plume de Jean-Marie Guénois, dans le Figaro du dimanche 18 avril, la métaphore de la barque secouée par des flots déchaînés prend tout son sens : « Sans être marin, le Bavarois sait que les vagues les plus dangereuses ne sont pas les plus spectaculaires ». Et de rappeler que l’apôtre Paul s’était aussi échoué sur l’île de Malte, en l’an 60, où il fonda l’une des premières communautés chrétiennes de l’Empire romain. Ainsi, la tourmente ne conduit pas toujours au naufrage. Tout dépend de l’attitude du capitaine et d’une part de providence. Au fond, en vacances, pourquoi vaut-il mieux rester à l’écart des tempêtes, qu’elles soient médiatiques, économiques, sociales ou financières ? Parce qu’elles donnent le mal de mer.