Vincent Peillon a commis une grave erreur de communication. En posant un lapin à Arlette Chabot, pour son émission A vous de juger, diffusée hier soir sur France 2, l’eurodéputé socialiste a voulu faire un coup médiatique pour se distinguer de sa famille politique. Celui qui dénonçait les coups tordus de Ségolène Royal ne s’est pas privé d’en faire un. Mais son stratagème, puéril, antidémocratique et grossier, risque fort de se retourner contre lui. Parce qu’il sous-estime le corporatisme des médias qui détestent perdre la main et la face. En effet, les journalistes apprécient guère ce genre de coup fourré dont le seul but est d’émerger dans l’actualité, de créer le buzz. Ce qui est plutôt réussi. Mais le retour de flamme promet d'être sévère. Depuis ce matin, les éditorialistes commentent l’incident en boucle, au point que les vrais raisons du faux-bond échappent totalement à son auteur. Interrogé ce matin sur France Info, Vincent Peillon déclare qu’il voulait dénoncer l’hypocrisie du débat sur l’identité nationale qui opposait Eric Besson à Marine Le Pen. Selon lui, une dérive xénophobe, un rapport de force qui ne profite d’aucun contrepoids idéologique, un coup de pub pour la chaîne. Et son coup de pub à lui ? Lui-même devait intervenir en seconde partie. Pour réagir et se positionner. D’après Arlette Chabot, les règles du jeu avaient été précisées aux intervenants depuis le mois dernier et acceptées. Du coup, les critiques pleuvent. Dès le début, Vincent Peillon n’aurait pas accepté, en tant que membre de l’opposition majeure, d’être relégué en deuxième partie de soirée et a ainsi prémédité son geste. L’opinion publique découvre avec moult détails les ficelles de cet imbroglio politico-médiatique. Martine Aubry était au courant. Elle avait donné son feu vert. Après tout, un candidat aux primaires a bien le droit de se torpiller à quelques mois des régionales ! Hier matin, Vincent Peillon ment à Guillaume Durand sur Radio Classique en esquivant la question de sa présence à l’antenne de France 2. A 11h, il confirme sa participation par téléphone auprès de la direction de la chaîne. Et, comme une dernière touche à son scénario loupé de tragédien grec, son service de presse lâche une dépêche, alors que l’émission a commencé. Le coup de grâce. Il est 21h. Peillon se dérobe. Pire, il réclame la démission de l’ancienne patronne de l’info. On imagine aisément les minutes de solitude d’Arlette Chabot qui apprend, dans son oreillette, que l’invité suivant n’est pas dans sa loge. Mais confortablement installé chez lui, devant son poste de télévision, pour savourer le clash en direct. A croire que nos hommes politiques, appelés par nature à exercer des fonctions de gouvernance, n’ont rien d’autre à faire que déclencher des polémiques dans l’unique intention de faire parler d’eux. Non sans amusement. Ce qui est guère rassurant, à l’aube des échéances électorales. Le coup du lapin ? A nous de juger…